La piscine gonflable sur le toit d'une voiture par Annie Leroy

Aujourd’hui, c’est le grand jour !

Je me suis réveillée de bonne heure pour être fin prête à me lancer dans cette activité particulière, qui me fut proposée par l’entremise d’une amie, Jacotte. Pour la première fois, je vais participer à l’opération « Etapes sportives », initiée par le Ministère des Sports, associé à la Société des Autoroutes du Sud de la France (SANEF).

C’est ainsi que je me suis retrouvée, hier soir, au bord de l’autoroute A7, sur l’aire de stationnement de MORNAS, accueillie par Paulo, propriétaire de la piscine transportable, posée, avec tout le matériel technique adéquat, au milieu des espaces dédiés à toutes sortes de pratiques sportives.

Belle installation, ma foi, que cette cuve métallique large de deux mètres cinquante, longue et haute de trois mètres, avec une façade en verre épais, permettant de « voir » les évolutions des apprentis-plongeurs et les prises de photos. Car il s’agit de plongée ! Du week end précédant le 14 juillet à celui suivant le 15 août, notre petit groupe propose une étape ludique et réparatrice sur le plan psychique, aux milliers de voyageurs stressés, pressés de poursuivre leur grande transhumance vers le Sud et qui font « étape » en vue d’une reconstitution physique et morale et pour le repos des moteurs.

Les volontaires pourront, ainsi, s’essayer à la plongée « tout équipés », au cours d’une initiation en douceur qui ne leur coûtera qu’une demi-heure, mais qui les emmènera vers des rêves exotiques sans mesure ! Et quel bonheur, pour les parents, de voir évoluer leurs « petits » à travers la glace et d’immortaliser cet instant de gloire, inaugurant, ainsi, le reportage estival !

J’appréhende un peu. Saurai-je m’intégrer à une organisation « huilée » de longue date, mais totalement nouvelle pour moi ? C’est donc avec la plus grande attention que j’écoute les consignes – et les conseils – de mes camarades, qui travaillent ensemble, chaque été, depuis plus de dix ans. Je compte sur leur indulgente bienveillance.

Léger petit déjeuner avalé, nous nous partageons les tâches pour assurer la meilleure logistique et accueillir nos « impétrants » avec empressement. Je m’imprègne, bien sûr, de toute cette routine inconnue. Calme, sang-froid, sourire et efficacité sont les ressorts d’un « baptême » réussi. Les yeux brillants de nos « clients » (attention, je dis « clients » mais nos prestations sont gratuites) récompensent nos efforts.

Tant bien que mal, ma première matinée se termine.

Pendant la pause « alimentaire », Paulo et Jacotte m’interrogent sur mes premières impressions, que je livre sans réserve. Plutôt favorables.

« Tu verras – me dit Paulo – les touristes se divisent en quatre grandes catégories :

• Les forcenés du chronomètre et de la moyenne à soutenir ;

• Les « croisiéristes », soucieux de ne pas rater l’appareillage du bateau, également pressés ;

• Les familles, en route vers le camping, aux tenues décontractées, plus cool ;

• Et les « dromadaires ».

« Les quoi » ?

« Les dromadaires ! Tu ne peux manquer de les reconnaître… Leurs véhicules sont remplis jusqu’à la gueule et portent un chargement spectaculaire sur le toit. Ils se dirigent vers le Portugal ou vers les pays maghrébins, où leurs familles attendent, avec impatience, les marchandises transportées, introuvables par chez eux. »

14 H 30 : reprise de notre activité. Le temps passe vite. Pas facile de laisser son regard muser vers le trafic !

En revanche, pour une surprise, quelle surprise !

Figurez-vous que, brutalement, vient stationner, en face de notre piscine, une vielle BMW, à l’état sub-claquant, aux pneus très lisses, dans laquelle s’entassent cinq adultes : le père, la mère, et – vraisemblablement – les grands parents, et un vieil oncle. Coffre hyper-plein, sans doute.

Et, ciel, que vois-je ? Sur le toit, au-dessus d’un amoncellement de sacs et de ballots divers, amarrée de sangles de toutes couleurs, une piscine gonflable bleu azur, dans laquelle on a attaché deux jeunes enfants, un garçon et une fille… qui ne semblaient pas plus effrayés que çà…

« Je te l’avais dit, on voit de tout sur l’autoroute ! »

(Annie Leroy, le 31/03/2021)