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Val en poésie
27 mars 2021

A la découverte de Georges Brassens par Annie Leroy

Leroy - 738_brassens_gorille

 

Quel bonheur de commémorer Georges BRASSENS ! Toutefois, que devons-nous commémorer ? Le quarantième anniversaire de son décès : 29 octobre 1981, ou le centième anniversaire de sa naissance : le 22 octobre 1921 ? (ma préférence va… aux 100 ans de sa naissance !)

Georges BRASSENS est connu, archi-connu des personnes de notre génération. Je ne déroulerai pas sa biographie détaillée. Le temps me manque ! Et, d’ailleurs, pour le connaître, c’est facile ! Il suffit de l’écouter ; d’écouter ses chansons – plus de 200 - et vous saurez tout, tout, sur Georges BRASSENS :

  • Sa vie, de son enfance à son décès ; Ses apprentissages ; Ses engagements ; Sa philosophie de vie ; Ses préférences littéraires ; Ses succès ; La longue liste de ses copains ; Et, surtout, la profondeur de son cœur généreux.

Je vais, malgré tout, dire quelques mots des éléments qui ont contribué à la construction de sa personnalité, oh combien, attachante.

1 – SETE, la ville de SETE, où il est né (22/10/1921) et où il est enterré (après son décès survenu le 29/10/1981) dans un petit cimetière (pas si marin que cela) dans une tombe discrète (La supplique pour être enterré sur la plage de SETE).

Sa famille, modeste, est composée de :

  • Elvira, la mère, d’origine italienne ; fervente catholique ;

  • Louis, le père, petit entrepreneur de maçonnerie qui ne fera pas fortune ; libre penseur ;

  • Simone, la demi-sœur ; (née d’un premier mariage de sa mère)

  • Ses grands-parents paternels.

C’est là que lui prend le goût de la chanson, car tout le monde chante ! On chante Mireille, Jean NOHAIN, Tino ROSSI, PILS, TABET, Ray VENTURA et ses Collégiens…

Il est « accroc » au Bescherelle de son grand-père.

Rêveur, pas très studieux, il préfère jeux, bagarres, bains de mer à l’école. Très vite, il griffonne quelques poésies et chansonnettes, encouragé - et aidé – bientôt par son prof de français, Alphonse BONNAFE. Il aime le jazz et Charles TRENET. Ses parents lui refusent des cours de musiques du fait de ses résultats scolaires insuffisants.

A l’adolescence, il s’intéresse aux filles (La chasse aux papillons ; Brave Margot ; et quelques autres…) et fait les quatre cents coups avec ses copains. Ils se font arrêter pour de petits larcins. Scandale ! Les pères, furieux, viennent récupérer leurs rejetons. Quand Louis se présente devant son fils, avec sa stature impressionnante, tout le monde craint sa colère. « Veux-tu manger quelques chose » lui demande-t-il ? Georges tentera, alors, toute sa vie –dit-il – d’égaler son père ; de faire quelque chose de grand. (Les quatre bacheliers).

Tous quatre sont condamnés à emprisonnement avec sursis.

2 – POUR ECHAPPER A LA HONTE, il part à Paris, chez sa tante maternelle (dans le 14ème arrondissement), où il y a un piano !

On est en 1940. Embauché, en mars, à l’usine Renault à Boulogne-Billancourt, il se retrouve au chômage en juin, le bâtiment ayant été bombardé. Il passe alors beaucoup de temps dans une bibliothèque et fait la connaissance des grands poètes : VILLON, BAUDELAIRE, VERLAINE, HUGO…. Il écrit quelques recueils de poésie ; adhère à la pensée anarchiste.

En 1943 : loi sur le Service du Travail Obligatoire. Il part à BASDORF pour « travailler » dans l’usine BMW. Il y travaille assez peu et dévore les livres de la bibliothèque tenue par… Pierre OTENIENTE (le futur Gibraltar). Avec lui, et d’autres, se nouent des liens d’amitié fidèle.

En 1944, à la faveur d’une permission, il se retrouve à Paris. Mais… il ne retourne pas en Allemagne et doit se cacher. Il trouve refuge chez la couturière de sa tante : Jeanne PLANCHE, à l’Impasse Florimont (14ème arrondissement). Il y restera… jusqu’en 1966 !

3 – L’IMPASSE FLORIMONT : petit logement spartiate, sans eau courante, ni gaz, ni électricité, ni tout-à-l’égout. Georges est accueilli généreusement par Jeanne, dont il devient l’amant (+ 30 ans : record à battre, Mesdames les célibataires !) et par son mari Marcel. Petit ménage à trois. C’est la maison du bon dieu ! (Jeanne ; Chanson pour l’Auvergnat…). Et, dans la cour, une véritable ménagerie avec chien, chats, canaris, tortues, buse et LA CANE !

Il écrit un roman (mauvais) ; participe à la rédaction d’un journal anarchiste (Le Monde libertaire) ; fréquence cette mouvance. Il écrit toujours ses petites chansons.

4 – SES ENGAGEMENTS : Anti militariste (La guerre de 14-18 ; Les deux oncles) ; anti clérical ; défend les libertés individuelles ; l’amour libre, consenti, sans contraintes ; tourne en dérision les partis politiques ; rechigne à militer, manifester avec un parti, une organisation ou un groupuscule. En fait, il est plus «  libertaire »  qu’anarchiste.

(Mort aux vaches ; Vive l’anarchie ; La mauvaise réputation ; Le pluriel ; Mourir pour des idées…)

Depuis toujours, il se déclare contre la peine de mort (Le gorille). 

5 - En 1946, il hérite du piano de sa tante. Il composera, dorénavant, toutes ses musiques sur piano, les transposant, ensuite, sur ses guitares. C’est l’année où il commence à souffrir de maux de reins.

Il connait quelques amours cachées (Jeanne est jalouse !) : parmi elles, Jo (17 ans) (Une jolie fleur ; P… de toi).

En 1947, il rencontre Jo HEIMAN, une estonienne, qu’il surnomme Püpchen (J’ai rendez-vous avec vous ; J’m suis fait tout petit (devant une poupée) ; Saturne ; Rien à jeter ; La non demande en mariage) Décédé en 1999, elle est enterrée à ses côtés.

6 – SON STYLE DE VIE : mépris du confort, de l’argent, de la considération, il prône l’individualisme aigu, doublé d’une immense générosité. Même riche, il ne se départira pas de son style de vie simplissime.

7 – SA CARRIERE :

A partir de 1950, il essaie de proposer ses chansons car il ne se croit pas capable de les chanter lui-même. En vain. Cependant, il écrit et compose toujours. Il met en musique certains poèmes qu’il aime entre tous de François VILLON ; Victor HUGO ; Paul VERLAINE ; Francis JAMMES ; Paul FORT ; Antoine POL ; Théodore de BANVILLE ; Louis ARAGON. Mais c’est la dèche !

Il tente de trouver un engagement dans certains cabarets. A partir de 1952, grâce à Jacques GRELLO, malgré sa timidité, son trac, son malaise, il se produit, enfin, chez PATACHOU. Comme toujours, des rencontres changent sa vie : Jacques CANETTI (Philips ; Polydor) ; Pierre NICOLAS, bassiste, qui l’accompagnera jusqu’à la fin. Naissent de grands succès : Le parapluie ; le Gorille ; et Le petit cheval, Va comme hier, La marine – Paul FORT- etc…)

Puis, à partir de 1953 : l’explosion ! (cf l’article de René FALLET dans le Canard Enchaîné). Se succèdent : les OLYMPIA ; BOBINO ; bien d’autres salles (TNP) ; les galas ; les tournées, y compris à l’étranger. BRASSENS est partout !

Au début de sa carrière, l’interdiction, sur la radio publique, de certaines de ses chansons (19 !) – pour diffusion d’idées subversives et utilisation de mots grossiers - dope son succès. Il devient vedette ! (vedette qui demeure toujours aussi simple, modeste et très fidèle en amitié). Il apparait dans un film : Porte des Lilas.

Il achète l’impasse FLORIMONT et la maison mitoyenne. Il y fait installer l’eau et l’électricité, au profit des PLANCHE. En 1958, il acquiert le Moulin de la Bonde à CRESPIERES (Seine et Oise) pour y recevoir Püpchen et ses nombreux amis, copains d’enfance, de BASDORF, copains de toujours, anars et artistes. Citons : Victor LAVILLE ; Emile MIRAMONT ; Henri COLPI ; Roger THEROND ; René ISKIN ; André LARUE ; Marcel AMONT ; Guy BEART ; Georges MOUSTAKI ; Jacques BREL ; Pierre LOUKI ; Jean BERTOLA ; Boby LAPOINTE ; Lino VENTURA ; Raymond DEVOS ; Jean-Pierre CHABROL ; BOURVIL ; Fred MELLA… Jeanne n’y vint jamais.

Après le décès de Marcel (en 1966), sa femme se remarie à 75 ans avec un jeune homme de 37 (+ 38, nouveau record à battre, mesdames !). Georges quitte l’impasse FLORIMONT, furieux. Jeanne s’éteint en 1968, à 77 ans.

En 1970, il achète une propriété à LEZARDRIEUX, en BRETAGNE, région qu’il adore. En 1977, il arrête ses tournées, souffrant de plus en plus des reins.

8 – LE TALENT de Georges BRASSENS est reconnu universellement. Il est couronné, entre autres, par l’Académie Charles CROS. Il reçoit le Grand Prix de Poésie de l’Académie Française en 1967. Il fait l’objet d’une publication dans la collection « Poètes d’aujourd’hui » de Pierre SEGHERS (texte d’Alphonse BONNAFE). Il a été chanté par : PATACHOU ; Juliette GRECO ; BARBARA… et par des chanteurs de toutes les générations qui ont suivi : 1000 interprètes connus ! Sa musique a été transposée « jazzie » par MOUSTACHE. Il a été traduit en… quarante langues !

9 – LE BONHOMME : Fidélité envers sa famille, ses copains (sa femme Püpchen !). Générosité sans limite : il a aidé quiconque de ses amis ayant besoin) ; simplicité ; authenticité.

Son écriture est très élaborée ; très travaillée ; vue, revue, corrigée inlassablement, comme ses manuscrits le laissent constater. Chaque mot est pesé, soupesé, remplacé, repris, jusqu’à correspondre à son exacte pensée. Son vocabulaire allie le classicisme – recyclant, parfois, des locutions quelque peu surannées – à une certaine modernité, sans se priver de mots grossiers, jamais orduriers. Il travaille de même façon sa musique, qu’on croyait simpliste mais qui ne l’est pas du tout.

10 – APRES SA MORT - d’un cancer qui le rongeait depuis longtemps – sa notoriété demeure vive. Dans une valise bleue, a été retrouvée une masse de textes inédits, des chansons en « préparation » d’un futur enregistrement ( ?) et heureusement interprétées par Jean BERTOLA.

Georges BRASSENS, un copain d’un tonneau que nous aimerions tous avoir !

Comme je me réjouis qu’il ait appris l’abolition de la peine de mort (le 9 octobre 1981) !

N. B. : « Pardon, Georges, d’avoir fait l’impasse sur des faits majeurs de ton existence ! Mais, l’impasse, tu connais, non ? »

 

(Annie Leroy, le 18/03/2021)

 

 

 

 

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