A mon pinceau par Mireille Héros
Tu cours d’une couleur à l’autre. Tu t’arrêtes sur une fleur, le temps de respirer son parfum. Tu t’attardes sur un rayon de soleil, sur les traits innocents d’un visage d’enfant. Dans le silence de l’église, tu drapes les madones de voiles pastels.
Souviens-toi de notre première rencontre. C’était à la maternelle. Tu t’es blotti entre mes mains malhabiles et tu t’es amusé à faire des pâtés, au grand désespoir de mon institutrice. Tu prenais de l’eau pour atténuer les dégâts mais rien n’y faisait. Tu te faufilais entre mes doigts et sur ma blouse, en te riant de mon air effaré à l’idée des remontrances de ma mère.
Les années ont passé puis un jour on s’est retrouvés sur un carré de soie. Au fil des ans, tu t’étais assagi mais ton goût pour les couleurs était resté intact. Par sa douceur et sa brillance, la soie t’imposait le respect. Pas question de t’étaler n’importe comment. Tu prenais bien soin des contours de feuilles et des pétales d’une églantine. Tu jouais sur les camaïeux de verts, de roses, de rouges. Ajoutant un peu de carmin par-ci, un peu de vert sapin par-là. Au final, tu as dessiné un magnifique bouquet de coquelicots à la manière de Monnet. Et mon amie en a été très heureuse.