Noisiel en poésie - la déambulation de Mireille Héros
Le marché
Jaune, noir, rouge, vert
Ouragan de couleurs
Les boubous s’agitent
Senteurs d’Afrique, d’Asie
Un continent où se croise
S’interpelle
Toute une foule bigarrée
Les fleurs marient leurs parfums
Aux odeurs de chouchous
Les marchands vantent
Les Nike ou les oranges du Maroc
Une vrai symphonie
Ça piaille, ça s’interpelle
Ça vit
L’usine Menier
Mâts décharnés rouge sang
Gardiens d’une cité
En déshérence
Abandonnée aux prédateurs.
Elle dort
Elle dort du sommeil des justes
Qui lui ont donné
Ses lettres de noblesse
Retrouvera-t-elle un jour
Sa joie de vivre
Quand elle rythmait la vie de la cité
Avec le chant de ses machines
Indiquant l’heure d’entrée ou de sortie
Des ateliers
Quand elle exhalait
Les chaudes fragrances de cacao
Les jours de pluie ?
Et tout ce petit peuple
Qui se hélait
Les jours de marché sur la place.
Des générations de Menier
N’ont pas suffi
Pour la maintenir en vie
Qu’est-elle devenue ?
Elle pour qui on venait de loin
Pour admirer les bâtiments
En briques rouges ornées de frises
De l’architecte Saulnier.
Elle était la mère toute puissante
Celle qu’on appelait
L’usine Menier.
La Marne
A quoi songe la Marne
Quand passe
Un vol de cormorans
Attirés par ses ablettes et ses goujons
Elle songe
A ce nénuphar
Épris d’une grenouille
Pour sa belle,
Il ouvre ses pétales
Aussi purs que l’aurore
Déploie ses feuilles
Sur l’eau
En une immense partition
Bercé par les clapotis de la pluie
Alors tout doucement
Elle replie ses vaguelettes
Et s’endort
En souriant à la lune.
Mireille Héros