Farniente au bord d’un livre par Françoise Hugue
A l’ombre de la futaie, j’ai posé mon pliant pour une délicieuse après-midi de lecture. Le bonheur de mon existence ! Le temps a passé si vite mais ce n’est pas pour autant que les rides au front viennent plisser mon cerveau. Je bois un peu d’eau fraîche tout en écoutant le pépiement des oiseaux. En son premier jour, le printemps a jeté un sort à l’hiver.
Je pourrais écrire un poème dans cet écrin de verdure. Je me laisse aller, baille aux corneilles, me passe la main sur le front et revient à ma lecture, ma compagne, que je considérais autrefois comme une marâtre mais qui s’est transformée en nymphe.
Le corps un peu courbé, je cherche ma position pour être à mon aise. Sur le chemin, des passants ont le verbe haut. Je ne comprends pas tout ce qu’ils disent mais cela ressemble fort à des vulgarités. Jadis ces mots étaient étrangers à notre vocabulaire. Aujourd’hui certains noms propres s’enfuient sur la pointe des pieds en se moquant de moi. Dans cette vie, qui passe si vite, je ne veux pas encourager la paresse de mes neurones et devenir ignorante.
Captivée par ma lecture qui m’emmène au loin sur une île des Caraïbes, je n’ai pas vu le soleil baisser et la soirée arriver. Je vais regagner mes pénates doucement car l’avenir est mesuré et j’ai décidé de prendre mon temps.
Mon ami viendra tout à l’heure. J’aime son esprit et sa capacité à me faire rire. C’est l’histoire ancienne de deux âmes qui se rejoignent. Nous nous épargnons la vraie solitude qui fait si peur comme le dit si joliment Bernard Pivot.
Françoise Hugue
24 mars 2021