A la recherche du temps perdu
Déjà l’été ! On n’a pas vu passer le printemps, et la ville, longtemps dépeuplée,sourit aux flâneurs. De son doux souvenir de l’hiver, elle ne retient que quelques journées froides en février. Elle sourit doucement à la vie.
C’est l’été alors qu’il n’y a pas eu de printemps. Un homme et son amoureuse marchent dans un musée vide de tout visiteur. Ce musée c’est le musée Grévin à Paris, cette ville qui a leur tant manqué pendant le confinement. Il fait très beau dehors, et la fraîcheur des salles est là pour rappeler la chaleur extérieure, mais la visite est prévue de longue date. Derrière un rideau de lierre artificiel, un gardien se réveille en sursaut, appuie sur le bouton du tourniquet pour les faire entrer et retombe dans sa léthargie.
Le couple s’en étonne cependant qu’apparaît, au détour d’une colonne, la merveille qu’il rêve de voir : la statue de cire de Manu Dibango. Elle est vivante, à faire rougir d’envie toutes les idoles, méconnues de nos amis, et qui trônent à côté du saxophoniste trop vite disparu.
Et les amants, restés cois, comme s’ils avaient vu Osiris, ne voient pas le temps passer. Et puis, les voilà brusquement poussés vers la sortie par le gardien, surgi de sa « vivante nuit ».
Gaétane Germany
6 avril 2020