Il était une fois, il n’y pas très longtemps, cinq présidents qui râlaient de voir des étrangers traverser les océans pour vivre en paix.

Le premier décida de créer un mur pour les empêcher de venir sur son territoire, oubliant que ses ancêtres avaient fait de même par le passé et décimé indiens et bisons. Il aimait laisser en vente libre des armes afin que chaque habitant de son royaume puisse se défendre.

Le second était lui même un roi. Il ne voulait pas redonner une part de son pays et donner une indépendance aux sujets qui voulaient sortir de son emprise, et parlaient un autre langage par fierté. Mais lui n’était pas aussi terrible qu’un ancien tyran dictateur nommé FRANCO.

Le troisième prit la parole. Il refusait d’accueillir les migrants venus de pays de misère. Il les repoussait mais leur nombre était trop important aussi demandait-il aux pays limitrophes de l’aider. Mais tous étaient frappés de surdité.

Le quatrième président était une femme et ne se nommait pas ainsi. Elle menait son pays depuis plusieurs années avec beaucoup de souplesse au grand désespoir des hommes, qui éprouvaient une certaine nostalgie de la dernière guerre. Cette présidente avait trouvé des solutions pour ces migrants, mais ne régla pas le problème entièrement.

Le cinquième était fort jeune. Il dirigeait le pays depuis déjà deux années essayant de laisser l’empreinte de son passage en cherchant des solutions pour tout problème, mais il était loin d’imaginer la tuile qui allait survenir , et s’abattre sur le monde.

Un jour d’hiver, venu d’un pays d’Asie, un méchant virus fit le voyage après avoir sévi dans sa province, contamina des hommes et des femmes de tous types, jeunes, vieilles, riches et pauvres, et fit beaucoup de morts, dans le pays du premier président. Il semblait impossible qu’on puisse venir dans son pays. Quant au second, il pensait qu’il en sortirait avec de la vigilance et du bon sens royal.

Le troisième s’imaginait qu’une bonne pizza bien relevée ferait le vide. Il avait oublié que les latins sont bohèmes et feraient exactement le contraire. Le haut de la botte serait ainsi plus touchée.

Notre quatrième récolta le premier porteur du mal en Janvier. Elle eut plus de malades mais moins de morts.

Quant à notre dernier président, il essaya de ménager la chèvre et le chou, en n’obligeant pas trop son peuple à rester chez lui. Bien mal lui en a pris. Les gens sortaient en boîtes, remplissaient les restaurants, buvaient en terrasses, se promenaient dans les parcs, se doraient au soleil, comme si de rien n’était. Constatant la nonchalance et l’idiotie de certains, il prit la parole sur les chaînes de télévision, supprimant les diffusions de feuilletons et de films du soir, mais remporta le record d’audience pour la première fois.

Plus le droit de sortir de chez soi, que pour travailler dans les cas où le télétravail n’était pas possible. Fini les restaurants, les terrasses de café, les bises, les poignées de mains, remplacées par un lavage méticuleux. Fini les visites chez son médecin pour des broutilles, le déjeuner dominical avec nos vieux par peur de les contaminer.

Du coup un petit virus régla un problème mondial. On ne parle plus des migrants qui traversent les océans pour échapper au pire. Le virus a mis tous les pays sur un pied d’égalité. Tout le monde a peur. Plus de pollution dans l’air, plus de bruit, les téléphones réunissent les familles, on apprend à vivre ensemble.

Les activités meurent, d’autres se créent, et nous cherchons des combines pour nous nourrir. Mais à présent, on a enfin compris qu’il faut rester chez soi, en comptant les jours, en espérant garder la santé.

Gilbert Réant

22 mars 2020

Cinq présidents et un virus

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