Première rencontre.

Il est un petit chat qui habite une grande maison, et possède un grand jardin.

Pourquoi ce petit chat ronronne-t-il tout le temps ou presque ? Parce les fleurs sont belles et parfumées.

En effet, la première chose qu’il fait en se levant, c’est d’aller les voir, les respirer. Il en respire une, deux, trois, rentre boire son lait, mange un peu, puis ressort pour aller les respirer toutes.

Ce petit chat est né en mai, au milieu des fleurs. Sa maman s’y était cachée pour le mettre au monde lui et ses frères et sœurs. Il avait tout de suite senti leurs parfums emmêlés, et il lui fallait les respirer la plupart de la journée.

Donc, il les respire toutes. Tel un papillon, il va de l’une à l’autre, respirant leur parfum, admirant leur couleur, leur forme, qu’elles soient petites ou grosses, hautes, ou minuscules. Il se débrouille toujours pour les sentir, leur trouver un parfum même s’il n’y en a pas. Il a le nez très fin.

Les insectes sont ses amis, il joue parfois avec eux, sauf peut-être le bourdon, le moustique, qu’il craint un peu. L’abeille, la sauterelle, la coccinelle, le papillon sont ses meilleurs amis. Ils s’amusent ensemble un temps, puis chacun retourne à ses occupations. Les fourmis ont peur de lui, elles s’enfuient. Les araignées l’aiment bien, mais elles préfèrent s’occuper de leurs affaires. Pas de problème, notre jeune chat est compréhensif, et s’en retourne à ses fleurs. Elles sont si belles, dans ce jardin quand vient le printemps.

Elles s’ouvrent toutes. Il sait les regarder pousser. La bruyère qui se montre à la fin de l’automne, ensuite en février, les perce-neiges, les crocus, les primevères, les violettes, les narcisses, les jonquilles, les jacinthes, les muscaris, même les fleurs des forsythias où il fait quelques pirouettes, les tulipes, le muguet, les roses, le lilas, où il a plus de place pour se poser, la pivoine, la glycine, le dahlia, les althéas et re pirouettes, les géraniums, et plein d’autres encore… qu’on ne peut les nommer toutes, tant qu’il y en a.

Ah ! quel magnifique jardin, soigné, arrosé, protégé, aimé. Parcouru d’un immense gazon, toujours bien taillé, ainsi que les arbres qui le parsèment. Toute cette rocaille qui entoure ces fleurs, bien mises, rangées par couleurs, par tailles, véritable tableau de beauté, un régal pour les yeux, des personnes, de notre petit chat.

Sous ce doux soleil de printemps, d’été. Sous la chaleur caressante, enivrante, baigné de lumière, et d’ombrage. La fontaine qui chante, son cours d’eau que l’on entend à la belle saison. Un vrai paradis pour ce petit chat, qui, son tour fini, retourne dans sa caisse dormir, et ronronne en rêvant à toutes ses fleurs.

La chose

Dans son panier, notre petit chat a fait une bonne sieste. Il se réveille, s’étire de tout son long. Se fait une petite toilette, et enfin décide de sortir dans le jardin.

C’est l’après-midi. Il s’y est déjà baladé ce matin, et il y retourne volontiers, tant il s’y plait. Mais, il voudrait s’amuser bien davantage. Tenter quelque peu l’aventure. Comment ?

S’il montait sur le mur ? Où encore, plus haut sur le pommier ? Le lilas n’est pas mal non plus. Voir même, il pourrait passer du lilas au pommier. Il hésite… Se décide, au final, de monter sur le mur, de passer ensuite par le pommier et de redescendre par le lilas.

Chose dite, chose faite. Le voilà sur le mur. Il est passé par le pommier, ne pouvant accéder sur le mur autrement. En effet, des branches de celui-ci débordent sur le mur et en facilite l’accès.

Le voilà, notre petit chat, il trône, marche lentement, prudemment, sur toute la longueur du mur. Un chemin longe celui-ci. Plus loin, la campagne, une maison, des champs, des près avec quelques vaches et quelques moutons.

Un homme passe, ne le voit pas. Cet homme jette un mégot par terre, qui brille encore. « C’est quoi cette chose ? » se demande le chaton. « Allons voir ! ». Il saute aisément, puis se retrouve à la hauteur de la chose qui ne brille plus, mais qui dégage une chaleur et une petite odeur. « Quelle est cette odeur ? » se demande t’il « elle ne me dit rien, et puis elle sent mauvais. Aille ! ça brule ! »

Notre chaton réalise soudain qu’il est sur le chemin. Mais comment retourner à la maison, comment remonter sur le mur. Beaucoup plus haut, côté chemin. Notre chaton avance doucement, regarde ce dernier, cherche le moyen d’y grimper le mieux possible. Il repart en arrière, revient en avant, regarde partout. Soudain, il est pris de panique. « Comment revenir à la maison ». Plus qu’à essayer de prendre beaucoup d’élan, de se lancer sur le mur, là où il peut s’accrocher aux pierres et monter à la force de ses petites pattes. Sans réfléchir de trop, il choisit des pierres apparentes et s’élance, s’y agrippe tant qu’il peut, s’aide de ses quatre membres, de toutes ses forces, regarde le haut du mur, et se dit : « il faut que j’y arrive » et lentement y parvient.

Ouf ! Enfin sur celui-ci, il reprend son souffle. Son petit coeur bat très fort. Son nez lui pique, ne pas y toucher de suite, trouver le pommier, et redescendre dans le jardin. Il arrive enfin à lui, commence à avancer sur les premières branches, mais, il éternue, a en perdre l’équilibre. Des petits brins de la chose, collés à son nez, qu’il n’a pas senti, ont fini par le faire éternuer. Une chute mémorable s’enchaine. Il pousse un miaou si fort et si long qu’il dérange les enfants qui jouent au baby-foot.

Son petit maître, étonné, le voit tomber, court vers lui, effrayé. Malheureusement, le petit chat tombe à terre, et le petit garçon est là, pour le ramener à la maison. « Où tu étais passé ? on te cherchait partout. Oh ! Tu pus du nez. Tu n’es pas blessé au moins ? Je te ramène à la maison, Papa va regarder cela ».

Quelle chance, d’avoir un grand maître vétérinaire.
« Eh bien, où as-tu trouver cela, dit le papa s’adressant au chaton, renifler du cannabis, il n’y en a pas par ici, tu es parti où ? ».

« Si tu savais, pense le chaton, tout ça pour découvrir le monde ».

Le petit chat - un conte de Sylvie Perlot

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