Visite au Père Lachaise
Le 12 septembre 2021, pour clore la saison 2020/2021, le club des Poètes avait choisi une balade dans l’illustre cimetière du Père Lachaise. sous la conduite d’Irène Gahéry, présidente, et de Martine Etrillard. Professeure agrégée de Lettres Classiques, et en compagnie de la comédienne Claude d’Heria.
Dès que l’on franchit les grilles de ce cimetière des célébrités, le calme nous envahit. Quelques 5 300 arbres bordent les allées, les herbes folles sont légion, on en oublie le bruit de la ville. Pour nous poètes, c’est l’occasion de rendre hommage à nos idoles : Guillaume Apollinaire, Paul Eluard, Alfred de Musset, Jean de La Fontaine…
Nous n’en oublions pas pour autant Frédéric Chopin. Arrêt devant le tombeau d’Oscar Wilde dont la famille a dû entourer l’édifice d’une paroi de verre pour dissuader les fans de laisser la trace de leur rouge à lèvres. Jusqu’où va le snobisme !
Au détour des allées, rencontre avec Allan Karadec, père de la philosophie spirituelle. La tradition veut que l’on fasse un vœu et qu’ensuite on touche la nuque du philosophe pour qu’il se réalise. Les poètes ne s’en sont pas privés.
Des débuts difficiles
Cette balade a été l’occasion de remonter le temps de cette institution parisienne connue dans le monde entier mais qui n’a pas toujours eu l’heur de plaire aux Parisiens. Et on peut même dire qu’elle a connu des débuts difficiles.
En application d’une loi datant de 1765 et interdisant les cimetières à l’intérieur de Paris pour des raisons d’insalubrité, le cimetière des Innocents, ferme le 1er décembre 1780. Les corps sont transférés dans les catacombes de Paris. Néanmoins après cette fermeture, la capitale manquait de lieux d’inhumation. Ainsi plusieurs cimetières verront le jour au début du XIXème siècle : Le cimetière de Montparnasse, le cimetière de Montmartre, le cimetière de Passy et enfin, le cimetière du Père Lachaise. Ce dernier fut conçu par l’architecte Alexandre-Théodore Brongniart (oui, comme le Palais Brongniart) qui a imaginé ce lieu comme un jardin à l’anglaise. À ce moment là, chacun de ces cimetières se trouvaient en dehors de la capitale.
Le 18 juin 1804, le cimetière du Père Lachaise accueille son premier habitant, une petite fille âgée de 5 ans au moment du décès : Adélaïde Paillard. Puis, elle est rejointe par Reine Févez. Cependant la plupart des parisiens de la rive droite auquel ce cimetière était destiné, refusent de se voir enterrés en dehors des murs de la capitale, qui plus est, se situe dans une zone considérée comme un quartier pauvre et populaire. Lors de sa mise en service, le cimetière accueille 13 tombes, puis 44 en 1805. Deux ans plus tard, on ne décompte que 5 tombes en plus. Difficile d’imaginer que la gigantesque nécropole que l’on connaît aujourd’hui fut rejetée à ce point par les Parisiens.
Un gros coup de com
Alors, comment le cimetière du Père Lachaise est-il devenu ce qu’il est aujourd’hui ? Grâce à un bon coup de communication. Afin de rendre le cimetière plus attrayant au yeux des parisiens, le Préfet de Paris décide de transférer les dépouilles de personnalités connues et admirées au Père Lachaise comme Molière Jean de La Fontaine, dont les tombeaux sont côte à côte, et les amants terribles, Héloïse et Abélard. Pari réussi : le cimetière qui, en 1815, n’accueillait que 2000 tombes au total, se retrouve avec 33 000 en 1830. Très vite, le Père Lachaise s’agrandit pour devenir le cimetière gigantesque aux 70 000 sépultures et aux 3,5 millions de visiteurs annuels.
Mireille HEROS
Les agapes d'après visite au restaurant du Rond-Point à côté du Père Lachaise. Un grand merci à Iréne et Martine.